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Déconfinement des logiques du capitalisme
Repenser l’impensable avec Hyman Minsky : la taxation des plus riches pour lutter contre le chômage de masse.
Déconfinement des logiques du capitalisme
XABI LARRALDE
XABI LARRALDE
Docteur en Économie
Photo: Jonathan-Brinkhorst, Unsplash.
Des entreprises seront alors obligées de licencier, voire de fermer leurs portes. L’augmentation du chômage va ralentir encore plus la consommation et l’investissement, etc.
Photo: Robert Metz, Unsplash.
Il est évident que la pertinence avérée des analyses de H. Minsky en ont gêné plus d’uns et d’unes au sein des élites politiques, économiques et académiques…
En ce qui concerne le coût, il faut d’abord prendre en compte l’argument majeur d’H Minsky : la diminution drastique du chômage permet de soutenir la demande, et stabilise le cycle économique en évitant à la société les dégâts causés par les crises à répétition. Maintenant, si on aborde ce coût du strict point de vue financier, il faut considérer qu’il se décompose au niveau sociétal en trois parties égales. Un tiers de ce coût est lié aux aides attribuées (prestations chômage, RSA,…). Un autre tiers provient des pertes d’impôts, et de cotisations imputables au chômage. Un dernier tiers vient des dépenses générées par les conséquences sociales et sanitaires du chômage : pathologies en tout genre (dépression, alcoolisme,…), violences diverses et variées, etc. Que nous enseigne l’observation des quelques expériences de PEPP connues ? Tout d’abord que leur efficacité dépend de leur mise en œuvre décentralisée (ce qui n’est pas un détail du point de vue abertzale). Ensuite, que le bilan concernant le dernier tiers du coût financier du chômage est plus que positif. On remarque par ailleurs une amélioration des conditions d’égalité homme-femme qui se concrétise par une plus grande autonomisation économique des femmes… Évidemment, si les PEPP permettent une baisse importante du chômage, l’ardoise du second tiers du coût financier du chômage est effacée. Reste le premier tiers… Alors comment financer ce type de mesures ? On peut notamment trouver des réponses chez les économistes qui ont conseillé Bernie Sanders. Ainsi, remarquons en préalable que pour des économistes comme Stéphanie Kelton (figure de proue de la « théorie moderne de la monnaie »), le problème du déficit public doit être relativisé car ce dernier peut être adossé à un processus de création de monnaie. Il faut aussi citer des économistes français à la renommée internationale qui ont soutenu Bernie Sanders : Thomas Piketty et Gabriel Zuckman. Pour ce dernier, l’idée est simple : taxer les riches (Voir son entretien au quotidien le Monde du 14.10.2009). Effectivement, pour revenir à H. Minsky, la politique d’employeur en dernier ressort impliquait selon lui l’euthanasie (en tout cas partielle) des rentiers chère à J. M. Keynes. Et fondamentalement, la leçon des réflexions originales de H. Minsky se situe sûrement là : on ne pourra pas faire face au chômage de masse auquel on risque d’être confronté sans un partage radical des richesses et une réduction drastique des inégalités.